Les enfants et les jeunes, acteurs de la démocratie participative
De nombreuses collectivités du département ont mis en place des instances dédiées, composées d’enfants ou d’adolescents. Il s’agit par exemple de conseil de jeunes ou d’enfants, ou encore du Conseil départemental des collégiens… Ces initiatives répondent en partie à un constat démographique puisque les mineurs représentent environ 21 % de la population haut-Garonnaise et les 11-30 ans environ 27 %.
Ces catégories de population sont l’objet de nombreuses politiques publiques spécifiques et elle sont également concernées par des politiques plus générales Pour autant, les enfants et les jeunes ne prennent que rarement part aux différents processus de participation citoyenne.
75 participants ont choixi cet atelier dont environ 14 % d élu.e.s loc.aux.ales, 13 % de technicien.ne.s de collectivités locales, 31 % d’acteur.trice.s assocaitif.ve.s, 28 % d’habitants, 14 % dont le statut est non connu.
À travers des partages de savoirs et d’expériences, cet atelier a été l’occasion de s’interroger sur les raisons et les conditions d’un dialogue nécessaire avec les jeunesses, que ce soit dans des instances dédiées ou au-delà. Véronique Bordes, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université Toulouse Jean-Jaurès, responsable du Master 2 Politiques enfance-jeunesse, a tenu à lever des idées reçues sur l’engagement des jeunes, dans sa conférence inversée, à retrouver en vidéo.
Trois thématiques majeures ressortent des contributions individuelles et des réflexions collectives issues de l’atelier.
**Les freins à la participation des enfants et des jeunes
L’intérêt pour les sujets politiques varient selon les âges :
Entre 12-15 ans, les parents et les éducateurs doivent intéresser les jeunes via l’éducation et le dialogue. Entre 15-21 ans, la plupart sont désintéressés, alors qu’entre 21 et 30 ans l’intérêt s’accroit.
D’un jeune à l’autre, les écarts sociaux économiques impliquent aussi des problématiques différentes (manque d’intégration sociale, difficulté d’insertion).
Par ailleurs, le dialogue avec les adultes transforme les revendications des jeunes, leur parole est donc faussée et ces derniers perdent la confiance envers leurs aînés.
D’autres freins ont été repertoriés :
- le langage institutionnel ou poltique difficile d’accès,
- la mauvaise image des politiques véhiculée dans les médias, la confusion entre politique et “politique citoyenne”,
- le sentiment que toute action est vaine car tout serait joué d’avance.
D’autres freins sont également identifiés : - la volatilité de l’engagement citoyen des jeunes ou encore le décalage entre leurs attentes et les offres de participation ou encore entre leurs représentations et la réalité.
- le défaut d’éducation à la citoyenneté, ou la méconnaissance des institutions notamment au niveau local à associer avec l’accès difficile à certaines instances réservées aux jeunes issus d’une certaine”élite” sociale.
Ce qui existe déjà : - utilité de faire participer les jeunes
Certains jeunes s’impliquent déjà. C’est notamment le cas des délégués de classe, mais également des instances citoyennes déjà mises en place visant à faire participer les jeunes à la vie publique :
conseils municipaux jeunes,
conseil d’administration des établissements scolaires,
Conseil départemental des collégiens, participation à la vie associative.
D’autres formes d’engagement existent au travers des bureaux d’association, des réunions publiques sur des sujets qui les préoccupent.
Certains enfin sont volontaires ou bénévoles pour diverses causes. Enfin dans certains quartiers les 16-25 ans organisent des assemblées avec les habitants et les élus.
Valoriser la dynamique de la jeunesse est nécessaire : c’est une source d’innovation et d’énergie, d’enthousiasme, voire d’idéaux sociétaux, sur des sujets d’avenir qui les concernent au premier titre. Les 16- 25 ans ont également des compétences utiles et mobilisables : utilisation des réseaux sociaux, du numérique, d’internet…
**Comment mieux associer les jeunes au processus décisionnel ?
- Il faut réellement prendre en compte leur parole, ne pas se contenter d’interpréter, mais écouter réellement.
- Il faut intégrer les jeunes aux processus de choix et de construction des actions : tout d’abord réformer le langage, pour qu’il soit simple, clair, accessible à tous, et instaurer lieux qui leur soient dédiés, impliquant une meilleure organisation avec davantage de publicité. Une proposition : une invitation par exemple à un espace dédié aux jeunes dans le cadre de futures rencontres citoyennes ?
Leur parole doit être écoutée et prise en compte. - Il faut mettre en place des outils pour inciter les jeunes à participer, multiplier les échanges entre les générations (projets intregénérationnels).
Le parcours mis en place récemment « laïcité et citoyenneté » est une idée positive pour éduquer à la citoyenneté. Il serait aussi opportun d’insister sur la notion d’égalité femme/homme dès le plus jeune âge.
Il faudrait d’autre part cibler les champs stratégiques lors des conseils de jeunes et prendre en compte leur avis, notamment autour de sujets tels que l’animation de la ville, tant sur la partie ludique qu’écologique.
Enfin, il serait judicieux de s’appuyer sur des « passeurs », à savoir les personnes qui sont déjà en contact avec les jeunes : associations d’éducation populaire, établissements scolaires, clubs de sport…**Six idées-forces émergent de cet atelier, pour améliorer la place des enfants et des jeunes dans la démocratie participative :
- repenser les lieux et les espaces dans lesquels les enfants et les jeunes peuvent s’exprimer. Envisager des espaces vides où tout se crée, s’invente par et pour les jeunes. Sortir des modèles classiques de participation
- respecter les initiatives des enfants et des jeunes et encourager leur engagement et leur capacité,
décloisonner et mettre en réseau - considérer leur parole comme ressources sans réponses préconstruites. Limiter la place des experts de la démocratie participative et/ou de la jeunesse,
- aborder des thématiques dont les enjeux intéressent les enfants et les jeunes,considérer ces âges comme une période de possibles et de rébellion.